Grillon
maudit
Salut petit grillon, toi qui viens généreux
Du marin solitaire perdu dans l’atlantique
Adoucir la souffrance par ta belle musique
Lui apporter la joie par ton chant langoureux.
Avec toi est venue la charmante grillonne
Celle qui sait aimer ton chant quand tu stridules
Et qui sait ce que valent les élytres à Dudule
Celle qui près de toi cadence et tourbillonne.
C’est celle qui saura dans ses petites pattes
Prendre ton corps brûlant, tendrement l’enlacer
Et encore et toujours, sans jamais se lasser
Lui faire quinze fois la brouette croate
Et ainsi, fou d’amour, membres éparpillés
Hurlant toute la nuit ces étreintes en osmose
Tu finis épuisé dans une apothéose
Bave aux lèvres, œil hagard, et tout déguenillé !
Et au petit matin, tout ton corps alangui
Tout prés de sa grillonne enfin reprend la source
Et ainsi reposé se recharge les bourses
Pour assurer encore une prochaine nuit.
Et là ton hôte blême, le teint gris, l’œil hirsute
Bercé toute la nuit par tes cris de dément
Essaie tant bien que mal de deviner le vent
Avant de s’écrouler dans un sommeil de brute
Ainsi jour après jour, miracle de la vie
Miracle de l’amour, force de la nature
Dudule baise partout jusque dans la mâture
Et il prend des couleurs, et Bilou dépérit…
Et bientôt ils seront des milliers triomphants
Ainsi le Veolia, immense lupanar
Sera le lieu maudit où prendront leur panard
Des milliers de grillons et leurs milliers d’enfants.
Et voilà, Tour du monde, Quarantièmes rugissants
Cap Horn et Atlantique, et aux Sables d’Olonne
Transperçant le brouillard, dans un cri qui résonne
On le verra surgir, le voilier stridulant.
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