Celtique Légende De nos jours encore, dans la baie de Douarn, se raconte la légende de Tristan, neveu de Marc'h, roi de Cornouaille. Tristan tomba éperdument amoureux d'Iseult qui était pourtant la fiancée du roi Marc'h. Ce fut dans l'île située entre Tréboul et Douarn que les deux amants se réfugièrent pour échapper à l'avunculaire colère du roi Marc'h et vivre leur passion en toute quiétude. Selon la légende, l'île abriterait leur tombe dissimulée sous deux arbres enlacés. Notre détective privé, Carlos V, s'est évidemment mis en quête de cette double sépulture. Carlos V a facilement trouvé les deux arbres noués, a creusé profondément le sol à leur pied mais ce fut pour n'exhumer qu'un seul et unique cercueil : celui d'une femme. Il a alors compulsé les archives capistes pour découvrir, au bout de longues heures de recherche, que Tristan avait quitté l'île de la baie de Douarn très peu de temps après y être arrivé avec Iseult. Tristan avait décidé de prendre seul la mer afin de découvrir pour lui et son aimée un refuge plus sûr où ils pourraient s'aimer sans craindre l'ire de Marc'h. Soumis au gré des flots et aux caprices des vents, Tristan vogua alors au hasard, envahi par la mélancolie et la tristesse infinie d'avoir laissé sa belle derrière lui. Pas un jour ne passa sans que ne couine l'amant qui se maudissait d'avoir refusé que son aimée l'accompagne dans ce périlleux périple. Se nourrissant des kouign aman qu'Iseult avait confectionné avec amour mais sans doute avec un peu trop de beurre, il lui fallut des mois et des semaines avant d'entrevoir enfin une terre. Il s'agissait d'un caillou perdu dans l'Atlantique Sud, une île volcanique habitée par une poignée de naufragés incultes et superstitieux que Tristan amadoua facilement en rompant puis en distribuant son ultime kouign aman. Ces pauvres hères, trop longtemps sevrés de sucreries, accueillirent aussitôt Tristan comme le messie. Ce fut dans un élan unanime qu'ils proclamèrent Tristan da Kouign Aman premier roi de cet archipel paumé dans l'Atlantique Sud. Toute sa vie, Tristan devait garder jalousement le secret de la recette d'Iseult (hé oui ! il faut dix oeufs) dont il n'eut jamais de nouvelles malgré l'envoi de nombreux messages enfiévrés par albatros-voyageurs. Alors, chaque dimanche, en mémoire de sa belle qui restait obstinément sourde à ses mots brûlants, Tristan confectionnait un kouign aman géant pour l'ensemble de ses dévoués sujets. Ce fut sans doute ce rituel gourmand qui valut à Tristan da Kouign Aman de régner sans partage sur ce bout de terre durant toute sa vie. Et, quand ce monarque éclairé s'éteignit, ses bedonnants sujets décidèrent de baptiser l'île de son nom. Nota Comme l'a brillamment démontré le linguiste Ferdinand Codasse : "La paresse élocutive de l'homme fait que, dans l'évolution linguistique, le raccourci fait toujours loi". Ainsi, comme on dit Douarn au lieu de Douarnenez ou LeGuil au lieu du Guilvinec, au fil du temps, la dernière syllabe d'un nom trop long s'estompe pour disparaître tout à fait. C'est pourquoi, cet endroit où Tristan termina ses jours, triste et solitaire, si loin de son Iseult s'appelle aujourd'hui : Tristan da Cuhna. Man s'est sans doute perdu en Mer d'Irlande. |